En Charente-Maritime, après Dompierre, Angoulins rejoint les communes qui limitent à 30 km/h la vitesse sur la totalité de leur voirie. Les habitants ont plutôt l’air de s’en satisfaire.
Moins 20 km/h ! De 50 à 30. À Angoulins, cela a commencé par les quartiers nord, qui ont peu à voir avec ceux de Marseille. «Nous n’avons pas d’autre nom pour cette zone pavillonnaire plutôt tranquille» , décrit James Flaesch, adjoint au maire chargé de la voirie. Tranquille, certes, mais des habitants s’y plaignaient de véhicules circulant trop vite.
C’est là qu’en 2014, la nouvelle équipe arrivée aux affaires communales a installé une première zone 30, valable pour tout le quartier. «Ce projet était dans les cartons de l’ancienne municipalité et nous avions déjà des limitations à 30 km/h à l’heure dans les rues du centre-bourg, qui sont étroites et amènent les automobilistes à ralentir.»
Depuis le 18 septembre dernier, ceux-ci doivent lever le pied, non plus seulement dans les quartiers nord mais sur toutes les voies de cette commune côtière de 3 950 habitants proche de La Rochelle. Deux des petites routes longeant la mer sont même limitées à 20 km/h et baptisées «zones de rencontre». À ce régime, les vélos dépassent les autos.
«Justement, beaucoup de gens se baladent par là à bicyclette ou à pied. Une zone de rencontre, c’est un endroit où se partage l’espace. Le piéton y est prioritaire sur le vélo qui l’est lui-même sur la voiture» , précise l’adjoint d’Angoulins.
Depuis plusieurs jours, James Flaesch prend le temps de distribuer au porte à porte le prospectus que la commune a édité pour faire passer sa zone 30 intégrale dans les mœurs des Angoulinois. Il parle du calme retrouvé, des nuisances sonores divisées par deux quand on roule moins vite, ce qui fait aussi diminuer les émissions de polluants. Il parle de sécurité, d’une distance de freinage de 13 mètres à 30 km/h au lieu de 26 mètres à 50 km/h. «Franchement, je n’ai pour retour que des avis favorables. Les gens semblent apprécier cette décision.»
Personne en effet ne se sent de contester un arrêté municipal présenté comme propre à protéger les enfants. À la sortie de l’école, les parents le plébiscitent, à quelques nuances près. «Les zones 30, c’est bien, mais les chicanes et les gendarmes couchés, ça use les véhicules , regrette Stéphane Calbris, qui vient chercher sa fille à scooter. J’habite à 400 mètres et entre chez moi et l’école, il y a cinq dos-d’âne, c’est trop.»
Dans une rue un peu plus loin, un automobiliste qui vient de lâcher son volant doute de la mesure. «Dans les lignes droites peu passantes et suffisamment larges, c’était déjà dur de rouler à seulement 50. À moins de mettre un gendarme au coin de chaque rue, personne ne respectera cette zone 30, sauf dans le centre.»
Non loin de là, David Caron, maire de Dompierre-sur-Mer, a de quoi le détromper. Lui a fait passer la totalité de sa commune en zone 30 il y a presque deux ans, soulevant à l’époque le mécontentement de son opposition municipale, plus pour la méthode, jugée abrupte, que sur le fond.
«Conclusion aujourd’hui, les véhicules roulent en moyenne à 40 km/h à Dompierre. Les radars pédagogiques que nous avons installés nous permettent de le savoir. Les gens ont modifié leurs habitudes et honnêtement, je n’en espérais pas tant. Si la vitesse avait été abaissée à 50 km/h, je m’en serais déjà satisfait» , déclare ce sapeur-pompier professionnel, très sensible aux questions de sécurité routière.
La commune de Dompierre était autrefois traversée par la route nationale 11 reliant La Rochelle à Niort. Aujourd’hui la voie express passe au large, mais les entrées de la commune n’en demeurent pas moins de longues avenues que l’on enfile en arrivant d’une quatre fois quatre voies à 110 km/h. Pas si aisé de se retrouver à 30 au compteur sitôt passé le panneau Dompierre-sur-Mer. «Sur ces portions, je le reconnais, j’entends quelques critiques, les gens trouvent qu’ils mettent trop de temps à gagner le centre.» Mais le maire n’entend pas pour autant revenir sur son arrêté.
Jacqueline, Dompierroise de longue date, promène son chien le long de cette avenue de la Libération qui traverse le bourg. «Je me souviens du temps de la nationale, c’était infernal. Aujourd’hui, c’est beaucoup mieux. J’ose traverser au passage piéton, je sais que les voitures vont s’arrêter. Mais parfois, le soir, vous avez encore des gens qui foncent.»
À Dompierre comme à Angoulins, ils sont peu verbalisés. «Nous n’avons pas demandé de radar répressif. Déjà, avec un radar pédagogique qui affiche la vitesse, les gens prennent conscience de leur allure et ralentissent. Nous comptons sur leur civisme pour respecter la zone 30 , dit l’Angoulinois James Flaesch. De toute façon, c’est la tendance. Partout les zones 30 se multiplient, les gens vont s’y faire.»
Source : http://www.charentelibre.fr
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