D’ici fin 2014, 90 % des rues seront limitées à 30 km/h. Un projet mené en concertation avec les habitants. La sécurité et le confort des Angevins sont mis en avant.
La voiture détrônée en ville
Un tiers des déplacements, à Angers, se fait à pied. Laisser de la place aux marcheurs est donc logique. À leurs côtés, des cyclistes. La cohabitation avec les voitures n’est pas simple. La circulation de tous pose le problème de la sécurité. « Il faut penser au confort des piétons et des cyclistes », argumente Vincent Dulong, délégué à la mobilité
Les zones 30 concilient tout cela, sans stigmatiser la voiture. « Il faut rééquilibrer les modes de déplacement. » Réduire la vitesse, c’est ainsi plus de confort pour se promener. C’est aussi plus de convivialité. Les bruits de voitures sont atténués. Discuter dehors devient enfin agréable. Reste alors à définir les zones à 30 km/h.
Les Angevins mis à contribution
La concertation avec les habitants a débuté dès septembre 2011. Des Angevins volontaires ont réfléchi à l’avenir de leur quartier (voir l’infographie). À eux d’étudier des cartes afin de hiérarchiser les rues où ils vivent, pour en passer certaines à 30 km/h. La municipalité a parfois dû freiner les ardeurs citoyennes de certains. « Loin d’être réticents, ils voulaient parfois passer le quartier entier à 30 ! », se souvient Vincent Dulong.
À Saint-Serge et aux Justices, les participants ont réclamé une limitation de la vitesse dans 92 % des rues. Un chiffre qui ne surprend pas l’élu. « Ce choix ne fait que formaliser des usages existants. » À Angers, ville historique, les rues s’avèrent parfois étroites ou sinueuses. Autant dire, qu’appuyer sur le champignon n’est pas le bienvenu. Naturellement, les automobilistes roulent au pas. Alors passer à 30 km/h, ce n’est pas une révolution. Juste une officialisation.
Des effets déjà constatés
Dans les quartiers précurseurs, les grands boulevards, à forte fréquentation, sont restés à 50 km/h. Pour les rues résidentielles, avec des commerces de proximité, la vitesse a été limitée. Des panneaux ont été installés à l’entrée de ces zones, avec des marquages au sol. « La vitesse a diminué en moyenne de 5 km/h. » Ailleurs, c’est plus franc. « À Saint-Serge, sur le boulevard Vaugareau, la vitesse est passée de 53 km/h à 36 km/h. » Rue Saint-Léonard, on n’y est pas encore. « On tourne autour de 40 km/h. » Mais les automobilistes s’apaisent. Dans des ruelles adjacentes à 30 km/h, les voitures roulent à 25 km/h.
La municipalité se laisse la possibilité de recalibrer certains secteurs. Si la signalisation ne suffit pas, les trottoirs pourront être élargis. Des « plateaux », sortes de dos-d’âne, pourront voir le jour. Enfin, des contrôles pédagogiques permettront de faire des piqûres de rappels aux Angevins et gens de passage.
Des changements aussi pour les cyclistes
À la mise en place des zones 30, les adeptes du vélo ont pu emprunter certaines rues à contresens. « La loi impose cela pour les passages à sens unique, en zone 30. »Les déplacements en vélo sont démultipliés. Dans les deux quartiers expérimentaux, 38 contre sens ont été mis en place sur les 49 rues. « C’est parfois trop étroit, comme dans la rue des Fours à Chaux. Plutôt que de risquer des collisions, on a fait des choix ».
Celui de passer 90 % des rues d’Angers à 30 km/h d’ici fin 2014. Un projet unique en France.
Source : http://www.ouest-france.fr Audrey CAPITAINE.