Cette fois-ci, il va vraiment falloir lever le pied. Alors que la majorité d’Anne Hidalgo, maire PS, s’est fixée pour objectif de généraliser la vitesse limite à 30 km/h sur l’ensemble de la capitale d’ici à 2020 (hors grands axes qui resteraient à 50 km/h), la création de
nouvelles zones 30 va débuter en janvier dans dix arrondissements. Et la Ville planche déjà sur une nouvelle salve pour fin 2016-début 2017. A cette date, la moitié de la capitale pourrait rouler au pas. « On parle d’ailleurs de Ville 30 plutôt que de zones 30 car l’idée, c’est d’inverser la règle et l’exception », note l’adjoint EELV aux transports Christophe Najdovski.
Sept arrondissements concernés dès ce printemps. Avec quatre mois de retard, le chantier de création de trente-sept zones 30 km/h dans dix arrondissements débutera en janvier pour s’achever au printemps. A cette date, les quatre arrondissements centraux (Ier, IIe, IIIe, IVe) seront entièrement concernés par cette vitesse plafond (hors grands axes), tout comme les XIe, XIIe et XXe. D’autres zones seront créées dans le VIIIe(Triangle d’Or), dans le XIIIe, (autour de la BNF) et dans le XVIIe (près de l’Etoile). Marquages au sol, panneaux, contresens cyclables, feux pour vélos : 173 km de rues seront transformées pour un coût de 4 M€. La limitation à 30 km/h concernera alors un tiers du territoire parisien (contre 21 % aujourd’hui). « Pour nous ce dispositif contribue à rendre la ville plus apaisée avec une meilleure cohabitation entre piétons et voitures, moins de bruit et une réduction de la circulation automobile » souligne Christophe Najdovski.
Rivoli, Réaumur et Sébastopol restent à 50 km/h. En mai, lors du vote des nouvelles zones au Conseil de Paris, la majorité avait évoqué un possible passage à 30 km/h des très passantes rues de Rivoli et Réaumur ainsi que du boulevard Sébastopol. Mais la préfecture de police de Paris, décisionnaire en matière de voie publique, n’a pas donné son aval. C’est d’ailleurs l’instruction des dossiers, et les nombreuses navettes entre les services de la voirie parisienne, la préfecture de police de Paris et la RATP, qui expliquent le retard pris par le programme 2015.
Une nouvelle salve dès la fin 2016. Reste que la Ville planche déjà sur de nouvelles zones dont les travaux pourraient débuter fin 2016-début 2017. Une enveloppe de 5 M€ est d’ores et déjà prévue pour un kilométrage équivalent au programme 2015. Les secteurs concernés ne sont pas encore totalement arrêtés mais le XIXe s’est déjà mis sur les rangs (lire encadré), tout comme la mairie (LR) du IXe qui souhaiterait deux zones. Des études seraient aussi prévues dans les Ve, VIe, Xe, XIIIe, XIVe et XVIIIe. « On pourrait arriver à 50 % de la ville à 30 km/h à fin 2016 mais les choses doivent encore être calées au niveau des arrondissements, prévient l’adjoint aux Transports. Il y a des mairies plus ou moins allantes mais pas de réticences majeures ». En tout, Paris a prévu de consacrer 30 M€ pour devenir une « Ville 30 » en 2020. « Une révolution » conclut l’élu.
Rue Botzaris (XIXe), ce mercredi 9 décembre. Les élus du XIXe arrondissement ont demandé à passer intégralement en zone 30. Pour l’instant, seuls quelques secteurs sont concernés comme ici, dans le quartier du Plateau, près des Buttes-Chaumont.
Dans le XIXe, la mairie a émis le vœu, lors du dernier conseil d’arrondissement, que l’ensemble des rues soient limitées à 30 km/h. Une annonce qui est plutôt bien accueillie chez les habitants. « Ca me paraît indispensable, explique Muriel, 50 ans qui vit rue du Rhin, à deux pas du parc des Buttes-Chaumont. L’été, je vois débouler les mômes à vélo au milieu des voitures. C’est même miraculeux qu’il n’y ait pas plus d’accident. » Henri, 32 ans, qui se déplace en voiture, estime que la mesure est nécessaire « dans les petites rues… d’autant que ça ne changera pas grand-chose ». Stéphanie, une quadra mère de famille, est partagée. « Autour des écoles, je suis d’accord car il en va de la sécurité des enfants, mais partout, est-ce vraiment nécessaire ?, interroge-t-elle. A 30 km/h, on roule quand même très lentement. »
Certains secteurs du XIXe expérimentent déjà les zones 30 depuis plusieurs années, à l’instar du quartier du Plateau, dans le Haut-Belleville, où les avis sont nuancés. « C’est franchement positif car ça a réduit le bruit pour tout le voisinage, souligne Hervé, 46 ans. Mais du coup, j’ai l’impression qu’il y a plus de scooters et ils se garent évidemment sur les trottoirs. » Anne, 38 ans, apprécie aussi le « climat apaisé » du quartier « mais cela contraste d’autant plus avec la rue de Belleville qui est un véritable enfer aux heures de pointe ». Un peu plus bas, avenue Simon-Bolivar, Maria se bat depuis des mois pour mieux sécuriser la traversée de cet axe très fréquenté par les écoliers. « Nous, on veut une vraie zone 30, pas deux panneaux qui clignotent et que personne ne voit donc ne respecte, rouspète-t-elle. On nous dit que les dos-d’âne sont impossibles car cela abîme les bus. En attendant, l’avenue est le terrain de jeu des taxis et des scooters. »
Source : Le Parisien
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