Prônée depuis longtemps par les écologistes, l’idée de généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h sur l’ensemble du territoire régional séduit désormais d’autres partis. La mesure figure dans les programmes du PS et de DéFI. Le cdH n’y est pas opposé.
Deux accidents impliquant des piétons survenus ces derniers jours ont suscité l’émoi en Région bruxelloise. Après avoir été percutée par une camionnette à Yser mardi matin, une jeune femme de 24 ans se trouve entre la vie et la mort. Deux jours tôt, une jeune femme de 30 ans était mortellement fauchée par un chauffard sur un passage pour piétons, sur l’avenue de Jette à Koekelberg.
Le ministre bruxellois Pascal Smet (s.pa.) a fait savoir que des mesures visant à sécuriser cet axe se trouvaient déjà dans les cartons de la Région, dans le cadre des travaux de rénovation du tunnel Léopold II. Ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics donnent l’impression d’intervenir en réaction à un accident de la route impliquant des usagers faibles. Des interventions ont également été promises par la Région sur leboulevard Lambermont où une grand-mère et ses deux petits-enfants avaient été renversés par une voiture début 2019.
Moins d’accidents impliquant des piétons
Si le tollé suscité par ce type de faits peut donner l’impression que ceux-ci se multiplient, les statistiques en la matière traduisent une réalité différente. Selon le dernier baromètre de l’Institut belge pour la sécurité routière (Vias), on dénombrait 1.066 victimes en 2018 contre 1.125 l’année d’avant. Le nombre de piétons tués sur les lieux de l’accident s’élevait à 5 l’an passé, contre le double dix ans plus tôt. Alors que la population augmente en Région bruxelloise, les incidents impliquant des piétons sont en légère baisse.
« Même si c’est toujours très délicat de dire cela après un accident, la tendance n’est pas nécessairement catastrophique », commente Benoît Godart, porte-parole de Vias qui constate en revanche que ce type d’accidents avec des usagers faibles n’est plus du tout toléré par la population. « Et c’est très bien comme ça. Chaque mort est un mort de trop. Ce sont des collectifs de riverains qui ont permis de faire bouger les choses dans certaines communes, comme Schaerbeek qui a décidé l’an dernier de mettre progressivement tout son territoire en zone 30. »
Mesure recalée en 2017
Cette évolution n’a pas échappé aux partis politiques. Longtemps portée par les seuls écologistes, l’idée de mettre tout le territoire régional en zone 30 fait progressivement son chemin en Région bruxelloise.
En 2017, le ministre bruxellois de la Mobilité Pascal Smet (sp.a) et la secrétaire d’État à la sécurité routière Bianca Debaets (CD&V) avaient présenté au gouvernement un plan radical prévoyant que la vitesse maximale de 30km/h devienne la norme en Région bruxelloise avec des exceptions pour certaines voiries de transit. Une proposition qui avait été recalée à l’époque par les autres partis de la majorité (PS, DéFI, cdH).
Nous ne voulons pas de zones 30 slogans mais des zones 30 effectives avec des moyens renforcés pour le contrôle et des aménagements de voirie qui fassent obstacles à la vitesse excessive.
PS. « Aucune mesure d’accompagnement n’était prévue dans ce plan », contextualise Ridouane Chahid, directeur de campagne du PS bruxellois qui prévoit désormais l’instauration d’une zone 30 km/h sur l’ensemble de la Région en dehors des tunnels et du réseau primaire de voiries et la sécurisation des infrastructures routières. « Nous ne voulons pas de zones 30 slogans mais des zones 30 effectives avec des moyens renforcés pour le contrôle et des aménagements de voirie qui fassent obstacle à la vitesse excessive. »
DéFI. Même son de cloche chez les amarantes qui veulent instaurer le 30km/h comme vitesse par défaut sur l’ensemble du territoire de la Région, à l’exception des grands axes dotés de pistes cyclables sécurisées qui seraient limités à 50km/h. Dans son programme, DéFI prévoit aussi des aménagements physiques destinés à ralentir le trafic et une signalisation à message variable aux endroits où les adaptations seraient impossibles à mettre en place.
cdH. Les humanistes qui plaident dans leur programme pour l’instauration d’une limitation de vitesse variable et cohérente en fonction du trafic et des caractéristiques de la voirie ne se disent pas opposés au principe d’une généralisation de la zone 30, à condition que les aménagements de la voirie (rétrécissement, chicanes, plateaux…) suivent. « Pour que les usagers de la route respectent la limitation, il faut que la voirie soit adaptée de manière cohérente », estime Antoine De Borman, directeur du Cepess, le centre d’étude du cdH.
MR. Désormais isolé sur cette question, le MR se dit favorable à la mise en zone 30 de certaines voiries, à étudier au cas par cas, avec une attention accrue aux axes comportant des usagers faibles: cliniques, hôpitaux, homes, écoles…
Source : http://www.lecho.be