Limiter à 30 km/h la vitesse à Rouen ? Le milieu associatif s’y intéresse mais aussi les Verts qui pourraient reprendre l’idée à leur compte selon le sort que leur réservent les électeurs aux municipales.
«Quand il était maire, Albertini a fait de belles bourdes, comme supprimer les couloirs de bus ; mais il a fait une chose de bien : placer l’intra-boulevards en zone 30… même si ça ne se voit pas vraiment ». Celui qui distribue ainsi bons points et tacles à l’ancien maire de Rouen, s’appelle Jean-Paul Camberlin. Il est élu municipal du groupe Europe écologie – Les Verts mais, aujourd’hui, c’est en tant que secrétaire général de l’association Rue d’avenir qu’il évoque le passage de la zone 30 à la « Ville 30 ». « L’idée, portée par Rue d’avenir, est de limiter partout la vitesse à 30 km, hormis quelques grands axes où il serait toujours possible de rouler à 50 km », annonce Jean-Paul Camberlin.
Une ville plus sûre
A Lorient, c’est déjà fait. Et à Angers, ces limitations de vitesse se mettent en place quartier par quartier. « La concertation de proximité avec les habitants est toujours nécessaire », explique Jean-Paul Camberlin en référence à Strasbourg où le maire, en mai 2011, avait opté pour une consultation générale par référendum et avait fait l’unanimité contre lui.
Certes, limiter la circulation à 30 km/h sur l’ensemble des axes d’une grande ville n’est pas l’idée la plus populaire qui soit. Les militants de Rue d’Avenir rétorquent pourtant « qu’il est rare de rouler à plus de 20 km/h en ville, compte tenu de la circulation ».
La réflexion avance toutefois et la question risque de se retrouver au cœur des débats des élections municipales de mars prochain. « L’idée est de supprimer le trafic de transit et non de chasser les voitures de la ville. Il s’agit plutôt de l’utiliser dans sa zone de pertinence », argumente Jean-Paul Camberlin ; à savoir quand il n’existe pas d’alternative. « En fait, cette vitesse limitée permet de lutter contre les embouteillages puisque l’ensemble des usagers (voitures, vélos, transports en commun…) peuvent partager la voirie dans un même flux ». Les militants de « 30 km/h » ne manquent pas d’arguments : moins de pollution, moins d’accidents mortels (10 % au lieu de 80 % à 50 km/h), moins de bouchons… « Aucune des villes passées à 30 km/h n’est revenue sur sa position », poursuit Jean-Paul Camberlin.
Le 21 septembre, il participera au forum des associations rouennaises, avec un stand Rue d’Avenir – CPTC. L’objectif étant de faire signer aux Rouennais une pétition en faveur de la Ville 30. « Il faut 40 000 signatures en France et 1 million en Europe pour que le projet soit présenté à l’échelle de l’Union européenne », explique le militant. Reste qu’en changeant de casquette, le militant de Rue d’Avenir a réussi à faire entendre aux Verts que l’idée pourrait intégrer leur programme pour les municipales. « Elle pourrait être au moins proposée… »
3 questions à Yvon Robert : Ralentir sans précipitation
Maire de Rouen, Yvon Robert a hérité d’un arrêté pris par Pierre Albertini, plaçant le centre-ville en zone 30.
Vous semble-t-il judicieux de placer toute la ville en zone 30 ?
Yvon Robert : « Le centre-ville a été placé en zone 30, par un précédent maire, sans que ne soient prévus d’aménagements incitant les voitures à réduire leur vitesse. Ce qui n’a pas de sens. On ne peut pas réduire la vitesse et laisser des espaces où rouler vite. »
Quels types d’aménagements vous semblent nécessaires ?
« Nous avons donc commencé à mettre en place dans le centre (intra-boulevards) des dispositifs visant à réduire cette vitesse, en plaçant des barrières ou ralentisseurs comme devant le conservatoire ou rue Jeanne-d’Arc où maintenant, les véhicules n’ont plus la possibilité de doubler. Nous allons aussi faire des travaux entre la place Cauchoise et la rue Jeanne-d’Arc, dans ce même esprit d’inciter les automobilistes à ralentir. Et cela va continuer ainsi. »
Mais faut-il vraiment étendre le dispositif ?
« Que ce soit à Angers ou Montpellier, aucune ville ne passe du jour au lendemain à 30 km/h. Cela se fait progressivement, en fonction des quartiers et en concertation avec les habitants. Dans ce sens, je peux dire que ralentir la circulation est un de mes axes de travail. »
Source : http://www.paris-normandie.fr